Clarifions le contexte :
Les occidentaux à travers l'anthropologie ont tenté d'aborder, de comprendre et de définir un ensemble de personnes qui, dans des sociétés différentes à travers le monde, portent des fonctions à la croisée de la religion et de la thérapie. Ainsi est né le concept anthropologique de 'chamane'.
Michael Harner est un anthropologue américain (1929-2018) qui a étudié et pratiqué les pratiques 'chamaniques' dans le monde entier auprès de sociétés traditionnelles. Pour un ensemble d'anthropologues comme lui, il y a un chamanisme fondamental (ou « core-shamanism ») constitué par des racines communes aux pratiques chamaniques à travers les différentes cultures. Il a petit à petit proposé un recueil, une compréhension, une manière de les pratiquer puis une transmission de ces pratiques racines.
L'un des apports de cette approche est qu'elle est basée sur le fait que chacun à la capacité en lui de vivre une connexion chamanique à la différence de ce qui est souvent vécu dans les sociétés traditionnelles où cette connexion passe par le 'chamane'.
D'autre part, différents anthropologues considèrent que le 'chamanisme' est avant tout polymorphe et dépendant d'un contexte culturel, au point que certains proposent de ne nommer 'chamanisme' uniquement ce mouvement occidental ou occidentalisé ayant émergé principalement depuis les années 80, dont le chamanisme fondamental fait partie.
Mon cheminement :
Je ne suis pas anthropologue et j'aborde ces questions en tant qu'accompagnante et exploratrice de la conscience humaine.
Dans mon vécu, la connexion spirituelle au monde qui m'entoure a été présente dès l'enfance. Pour moi cela fait partie de nos capacités intrinsèques et de notre nature d'être humain que d'être en lien avec le spirituel et d’avoir accès à des états de conscience modifiés (sans substance). Nous sommes entre-autre des êtres spirituels. Et je crois que ces capacités ont des fonctions.
Cette connexion a pris chez moi différentes formes jusqu'à s'exprimer dans une forme de soin et d'enseignement au travers de la connexion à la Nature et au Vivant.
Après l'avoir vécu et expérimenté dans mon corps j'ai cherché à le comprendre et à trouver une forme de cadre à ces expériences. J'avais besoin de les cerner et de les partager. En effet je me suis confrontée à la difficulté de vivre dans une société qui ne reconnait pas cette connexion au Vivant et qui ainsi ne peut pas proposer une cadre sécurisant à ces pratiques.
Je me suis donc tournée vers une élève de Michael Harner qui a développé l’Approche Chamanique de la Thérapie ® : Liliane van der Velde. Cette approche a été enseignée à Olivier Chambon, médecin psychiatre, qui l’a amené dans sa pratique de soin. J’ai ainsi trouvé le cadre éthique et solide dont j’avais besoin, ainsi que le partage auquel j’aspirais.
Qu'est-ce que le ‘chamanisme’ que je propose :
Pour moi le 'chamanisme' n'appartient pas aux anthropologues, même si ce terme vient de l’anthropologie.
Le chamanisme est un champ relationnel ou espace relationnel qui appartient à ceux qui le pratique et plus globalement à tout le Vivant. Cet espace relationnel implique un rapport au monde ouvert dynamique qui place l’humain comme appartenant à une forme de ‘Famille’ du Vivant au sein de laquelle il est en relation. Les ‘membres’ de cette famille venant de la nature (monde animal, végétal, minéral), comme de formes spirituelles invisibles et la Source de Vie elle-même sont considérées comme de véritables intelligences avec lesquels être en lien.
Ces liens sont investis entre autre pour demander du soutien, une vision élargie et ainsi devenir source de croissance, de sagesse, d’apaisement, de ré-unification autant intérieure et que dans les systèmes dans lesquels nous sommes impliqués (familiaux, sociaux…).
Ainsi là où les blessures et les traumas que nous vivons peuvent nous isoler et nous laisser face à l’impuissance, le chamanisme peut réparer nos liens au monde et à notre Etre Profond nous aidant à retrouver notre puissance naturelle. Nous vivons ainsi dans un tissu relationnel soutenant et élargie, porteur des capacités originelles du vivant à protéger, accompagner et transmettre la Vie, ce qui nous permet d'être plus résilient.
Quelle étique, quelles valeurs, quels crédits ?
La diversité de propositions avec des praticiens manquant de formation et de recul ainsi que le manque de cadre sérieux pèse sur le néo-chamanisme et peut parfois en faire une pratique ‘dangereuse’.
En effet partout où le pouvoir est mal partagé, où l’accompagnant prend la place de celui qui ‘Sait’ pour et mieux que l’accompagné et son corps ; il y a le terrain pour re-blesser ou re-traumatiser sur la blessure et le trauma et nourrir des schémas dysfonctionnants.
Partout où le cadre sécurisant et protecteur n’est pas suffisamment posé, où les besoins ne sont pas écoutés et respectés, il y a le terrain pour re-blesser ou re-traumatiser.
D’autre part, partout où nous projetons sur le monde spirituel de faux espoirs ou nos attentes au travers de démarches tels que ‘Si je fais cela …. Alors je vais récolter cela …’ ; nous laissons en fait peu de place au nouveau, à l’enseignement, au chemin que propose le Vivant.
Et partout où nous projetons sur le monde spirituel une toute-puissance dans nos vies c’est souvent le reflet du vécu de notre impuissance. Et dans cette démarche nous pouvons perdre notre chemin. Car il est bien question ici d’investir notre pouvoir créateur et notre capacité à être nous-même. Cela passe par une pratique personnelle impliquante et notre engagement à faire de nouveaux choix. C'est en apprenant à recevoir le soutien du vivant en étant à notre juste place de coopération que peu à peu notre capacité d'action et de choix grandit.
Ici nous ne recherchons pas l'extra-ordinaire, ni des manifestations dont la valeur est liée à l'intensité, ni à faire s'écrouler les anciennes structures trop vite avant que de nouvelles ne puissent prendre le relais...car nous souhaitons que ce chemin soit sécure et tranquille pour notre système, car c'est à cette condition que les avancées seront des acquis solides sans décompensations, sans faire fausse route dans les illusions.
Je ne suis pas 'Chamane' car ma pratique est basée sur la capacité de chacun à vivre sa propre connexion au monde et entrer en relation par et pour lui-même avec les intelligences du Vivant.
Je me définis comme Facilitatrice et j’ai ainsi à cœur de construire et vous proposer un cadre de pratique éthique en étant à ma juste place en collaboration avec le Vivant et avec vous, vous permettant ainsi de vous respecter et d’être à votre juste place. C’est notamment grâce à la supervision et à la co-vision continues que j’interroge et renforce ce cadre étique de pratique.
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